Explorer et embellir le monde… avec la science !

J’ai été invitée à participer à un Carnaval d’articles par Claire de Sciences Ludiques, sur le thème « Pourquoi je ne peux plus me passer de science aujourd’hui ».

Ce n’est pas d’ordinaire le coeur de ce que je partage, mais j’ai beaucoup aimé y réfléchir…

 

Enchanter le monde grâce à la science

La science, dans son acception large et première d’organisation des connaissances, est partout… Et quand on aime apprendre et comprendre le monde, on vit quotidiennement avec l’amour de la science !

Mes enfants ont été en unschooling pendant des années, et j’ai eu largement l’occasion d’observer leurs capacités de petits scientifiques. Les enfants, naturellement, expérimentent, testent, émettent des hypothèses qu’ils éprouvent, encore et encore, parfois au grand dam des adultes qui ne perçoivent pas l’intérêt de leurs expériences parfois bruyantes ou salissantes !  Même très jeunes, ils aiment vous faire part de leurs conclusions, car ils modélisent, à leur manière.

Je m’appuie souvent sur cet appétit scientifique pour nourrir leur amour de la nature, pour donner de l’ampleur aussi à mon propre émerveillement pour mon environnement. Etudier l’extraordinaire complexité du vivant, les relations entre les animaux, entre les végétaux, leurs stratégies, l’incroyable diversité de la vie sur cette planète est vraiment une source inépuisable de découvertes et d’étonnement… L’étonnement, fondement de la philosophie, fondement de la science aussi !

A partir de cela, on peut s’intéresser au biomimétisme avec Léonard de Vinci et tant d’autres évolutions technologiques de notre vie quotidienne, aux sorties de corps qui ont été étudiées avec des protocoles scientifiques rigoureux, en passant par de grandes questions philosophiques sur qui nous sommes dans l’univers, nous qui sommes constitués de poussières d’étoiles…

L’intérêt de la méthode scientifique

La science est intéressante aussi dans sa méthode : émettre des hypothèses à partir de l’observation, tester, systématiser, conclure. J’aime cette démarche en ce qu’elle permet de sortir des lieux communs, des vérités sans fondements assénées à coup de « on a toujours fait ainsi » et des «évidences » qui n’en sont pas. Mes restes de formation scientifique me permettent aussi – parfois !– de mettre plus d’efficacité dans mes méthodes de travail, pour atteindre les objectifs qui me passionnent tout en gardant un peu de temps pour d’autres activités, pour mes enfants, et un peu pour ne rien faire (en théorie…).

Néanmoins, et je le dis aussi à mes enfants, je trouve important de se rappeler que la science est en perpétuelle évolution, que les conclusions sont cesse remises en cause ou développées, et qu’une science trop sûre d’elle peut vite tourner au scientisme. La science n’est pas un argument en soi mais elle est passionnante pour qui a cet esprit d’exploration du monde.

Les théories scientifiques sont une base intéressante, quand on peut les faire dialoguer avec l’observation, l’expérience vécue, avec d’autres disciplines et avec l’intuition. Les plus grands scientifiques sont probablement ceux qui sont le plus en lien avec leur intuition… Dans son article « Les 10 plus grandes découvertes accidentelles de l’histoire des sciences » Claire, du blog Sciences Ludiques, nous rappelle que beaucoup des grandes inventions ou découvertes qui ont fait avancer la connaissance humaine du monde sont du à des hasards ou accidents… Ou en est-ce vraiment ?

La science en appui de notre expérience quotidienne

J’aime quand la science permet d’aller confirmer ou étayer des intuitions, des ressentis, des pratiques. Par exemple, des études ont été menées sur les bienfaits de l’exposition à la nature, pour la santé physique et mentale, pour la mémoire, pour les capacités d’apprentissage… Ainsi, ce que l’on perçoit par l’expérience quotidienne comme un bienfait se trouve confirmé par la science : n’est-ce pas une bonne manière de se donner le droit de partir en balade, de jardiner, une bonne manière de se souvenir que passer du temps dehors est plus bénéfique pour petits et grands que de regarder passivement un écran ? Ces études scientifiques sont donc un bon support pour guider ou conforter nos choix, pour les expliquer aussi à un entourage parfois sceptique, pour se donner des autorisations qui vont à l’encontre du discours ambiant… Par exemple, avec le développement des neurosciences, on comprend mieux maintenant comment fonctionnent les processus d’apprentissages ou encore la charge mentale. On sait maintenant que prendre le temps d’effectuer une tâche après l’autre, ne pas surcharger sa journée, est bien efficace à long terme… et plus écologique pour soi ! Cela donne du pouvoir, de comprendre et de pouvoir résister au discours ambiant de productivisme linéaire… Et on pourrait parler aussi de la meilleure connaissance du cycle féminin, du fonctionnement de nos émotions, de la théorie polyvagale…

On connait les limites des « preuves scientifiques », je n’en fais pas des arguments absolus. Mais je  reconnais que je me suis aussi servi d’arguments scientifiques pour appuyer mes méthodes d’éducation parfois en désaccord avec les habitudes des générations précédentes : comme le co-dodo, le peau à peau ; l’allaitement… Les bienfaits physiques et mentaux de ces pratiques ont été étudiés. Par exemple, les petits prématurés portés en peau à peau tous les jours gagnent du poids et de la vigueur bien plus rapidement !

Pour revenir à la théorie polyvagale par exemple, la science a ici de belles applications quotidiennes en ce qu’elle permet de mieux comprendre comment trouver de la paix et de l’harmonie au quotidien, comment nous influons sur l’humeur des autres, comment nous pouvons contribuer à co-réguler notre entourage… C’est enthousiasmant ! Pour les personnes dites hypersensibles ou hautement sensibles, par exemple, comprendre son propre fonctionnement physiologique peut réellement améliorer la qualité de vie. Je trouve passionnant de pouvoir prendre du recul, avec la sociologie, avec l’étude des biais cognitifs, de trouver des appuis, de pouvoir modéliser, reproduire, en un mot, trouver des pistes pour améliorer son bien-être, pour avoir plus de liberté de choix en conscience.

Science, intuition et relation

Une personne m’a dit un jour : « voilà, la théorie polyvagale est l’explication scientifique de l’intuition ! » Selon moi, pas du tout. Du moins, c’est peut-être l’explication d’une certaine définition de l’intuition mais pas de celle qui est connexion avec plus vaste que soi, avec son inconscient mais aussi bien au-delà. La science, notamment dans les sciences humaines, a aussi ses limites si elle s’érige en dogme, étiquetant, distribuant des modes d’emploi et des certitudes. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’en faire un outil de domination ou de compréhension des autres par le biais d’étiquettes ou de modèles dans lesquels nous les ferions rentrer coûte que coûte. Si l’on revient à l’exemple des pratiques de parentage proximale, n’en faisons pas un nouveau dogme ! Avec notre cerveau humain et nos expériences, nous ne voyons toujours qu’une ou quelques facettes de la situation. A chacun de juger en fonction de ses tripes, de son intelligence, de son unicité d’être humain, de ce qui lui convient le mieux…

La science, bien pensée, nous apporte cela aussi : l’art du questionnement, de la remise en question, l’humilité et l’allégresse devant le mystère, la capacité à rebondir sur l’inattendu, à penser vaste dans une démarche de compréhension du monde. Une démarche globale et pluridisciplinaire– et en même temps extrêmement limitée par nos cerveaux humains… Et là où la science trouve ses limites, elle peut laisser un peu plus de place à l’intuition, au jeu, à la relation, à l’amour, qui sont – oui, oui – ses plus grands compagnons dans son entreprise d’explication du monde et d’amélioration de notre vie quotidienne sur cette terre. Ce sont ses plus grands compagnons, et à mon sens, ses guides aussi. La science est avant tout un ensemble d’outils, une démarche, intrinsèque à l’être humain, qui doit rester subordonnée à un projet d’humanité, réfléchi, collectif et humaniste.